Ira ? Ira pas ? Le candidat préféré des Français pour représenter le Parti Socialiste à l’élection présidentielle serait un rival redoutable pour le président sortant, qui préfèrerait largement avoir Martine Aubry comme adversaire. Mais qu’en est-il pour les Français ?
Le candidat idéal
Il faut dire que le patron du FMI présente le profil parfait. Parfait pour des socialistes dont une partie regrette le choix de Ségolène Royal en 2007 et qui pensent que Dominique Strauss-Kahn aurait pu, lui, battre la droite. En outre, après trois élections présidentielles perdues d’affilé, il est probable que les électeurs socialistes feront le choix du pragmatisme, quitte à suivre la direction indiquée par les sondages, même si cette indication était une erreur il y a trois ans et demi.
A dire vrai, il est difficile de ne pas imaginer l’actuel président du Fonds Monétaire International battre celui qui a poussé sa candidature à Washington. En effet, dans une élection où la droite sera sortante, avec un fort niveau de chômage, une rigueur budgétaire et un président qui aura perdu une grande partie de son crédit, la gauche partira largement favorite, surtout si elle se choisit un candidat également apprécié à droite et au centre, comme c’est le cas de DSK.
Quelle meilleure équation que sa position actuelle en effet ? A Washington, il n’est pas embourbé dans les petites querelles intestines du Parti Socialiste et n’a pas à courir les plateaux politiques pour défendre des synthèses indéfendables. En outre, juste après une crise économique majeure, sa position d’expert pourra être valorisée par des Français désorientés.
Une fausse solution
C’est pourquoi Dominique Strauss-Kahn est sans doute le favori dans la course à l’élection présidentielle de 2012. Le ramdam autour de Martine Aubry a sans doute davantage à voir avec les désidératas de l’Elysée qu’avec une véritable adhésion des Français, même si le côté Merkel de gauche peut être un atout pour 2012… Cependant, la vraie question est de savoir ce que Dominique Strauss-Kahn propose et si ce qu’il soutient pourrait remettre la France dans la bonne direction.
Et comme le souligne Edgar avec sa verve habituelle, ce n’est pas le cas puisque le patron du FMI propose essentiellement de poursuivre toutes les politiques qui ont mené l’économie mondiale au bord du gouffre en 2008. Malgré la violence de la crise, Dominique Strauss-Kahn n’a nullement remis en question son logiciel économique, qui repose toujours sur la globalisation néolibérale : toujours plus de supranationalité et toujours plus de libéralisme économique dans tous les domaines.
Le favori de la pensée unique ne remet nullement en question l’anarchie commerciale, qui met en concurrence les salariées des pays développés et ceux des pays émergents et provoque chômage et stagnation salariale chez nous. Il ne dit rien sur l’euro cher qui incite les entreprises à délocaliser. Et ses propositions de réforme du système financier et des banques sont d’une timidité confondante. Bref, alors que le monde s’est cogné dans un mur, il propose de poursuivre dans la même direction.
Objectivement, Dominique Strauss-Kahn a une belle carte à jouer en 2012, s’il ose et sait quitter le FMI au bon moment. Le contexte politique lui sera favorable pour peu qu’il gauchise juste ce qu’il faut son discours. Mais pour les Français, ce serait poursuivre une mauvaise politique.
Laurent Pinsolle